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Nos Auteurs

Oscar Vladislas de Lubicz Milosz

Biographie de Janine Kohker, parue dans les cahiers Lituaniens N°6 (2005) :\r
Milosz naît le 28 mai 1877, à Czéréïa, domaine familial situé dans le « gouvernement de Mohyleff, district de Senno », en Biélorussie depuis 1772. Ce territoire appartenait autrefois au Grand-Duché de Lituanie. Milosz est donc russe à sa naissance.\r
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Il passe son enfance dans le magnifique domaine des ancêtres, transfiguré plus tard par la magie de sa poésie : un manoir du 18e siècle, perdu « au fond du vieux pays lituanien », un jardin « de solitude et d’eau », une serre « incrustée d’arc-en-ciel ». Au centre de cette géographie poétique, « la chambre bleue » de l’enfant qui, de son « lit qui sent les fleurs », écoute « le sourd murmure nocturne de l’allée ». Mais tout cela, c’était il y a très, très longtemps, « dans un passé malade de charme ».\r
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En 1919, Milosz, devenu représentant de son pays, évoque avec le même lyrisme le pays de l’enfance : « Venez, je vous conduirai en esprit vers une contrée étrange, vaporeuse, voilée, murmurante… C’est Liétuva, la Lituanie, la terre de Gedymin et de Jagellon ». Conférence ou poème ? Les diplomates de l’Entre-deux-guerres avaient vite noté ces rapports de la Délégation lituanienne, rédigés dans un français remarquable !\r
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Mais quelle fut la langue maternelle de Milosz ? Le polonais parlé par les parents et par le précepteur ? Le russe, langue du pays ? Le français enseigné par la gouvernante alsacienne, Marie Wild ? Le yiddish, probablement parlé mais non transmis par la mère juive, Marie Rosenthal ? Le lituanien ? Certainement pas, car langue du peuple, il est suspect aux yeux des autorités russes. Milosz hérite de cette pluralité des langues et des patries, de cette identité tremblée. Dans un premier temps, le père va choisir pour lui et l’enfant arrive à 12 ans, à Paris, au lycée Janson-de-Sailly où il fera toutes ses études secondaires.\r
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Le thème de l’enfance domine l’œuvre de Milosz, or un silence étonnant plane sur les adultes, en particulier sur les parents, rarement évoqués. Qui sont-ils ? Écoutons Milosz présenter sa famille à Jonas Grinius, premier Lituanien à écrire une thèse sur son œuvre, en 1930 : « C’est mon arrière-grand-père Joseph Lubicz-Bozawola Milosz, né à Labunova-Serbinaï, Président du tribunal de Mohyleff et porte-glaive de Kovno qui est le fondateur de la branche blanc-russienne de la famille… Mon grand-père Arthur Milosz… officier à dix-neuf ans dans un régiment de Uhlans de l’armée polono-lituanienne, a fait toute la campagne de 1831 contre la Russie… Il a épousé une cantatrice italienne d’une grande beauté… Natalia Tassistro, fille d’un chef d’orchestre de la Scala de Milan… Mon père Vladislas Milosz a hérité de ses parents le goût des arts et de l’aventure… Officier des Uhlans russes de la Garde, il a renoncé de bonne heure à la carrière pour s’adonner passionnément à l’étude de la chimie, de la mécanique et de l’aéronautique… Il s’est épris vers l’âge de quarante ans d’une jeune fille juive très belle mais pauvre ». Milosz ajoute que son père, violent et malade, venait se faire soigner à Paris par le docteur Charcot.\r
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« Ma jeunesse tourmentée »\r
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Au lycée Janson-de-Sailly, à Paris, l’élève Milosz, ne supportant pas l’internat, fut confié à Édouard Petit, professeur puis inspecteur. Plus tard, Milosz avoua sa reconnaissance à cet homme qui exerça « une influence très salutaire » sur son caractère et son esprit. Son appartement était un lieu d’ouverture et de tolérance où se rencontraient tous les laïques fervents de ces années 1890. Milosz s’inscrivit d’ailleurs aux cours d’Eugène Ledrain qui enseignait l’épigraphie orientale et fréquentait l’appartement d’E. Petit. Ce que Milosz ne peut pas dire dans cette biographie officielle, c’est ce qu’il confiera à Petras Klimas, son successeur et ami à la légation de Lituanie. À l’âge de 16 ans, il assista au mariage de ses parents, à l’église polonaise de Paris, Marie Rosenthal ayant été baptisée catholique pour la circonstance, deux jours auparavant. Ce fut, dit-il, « la tragédie de sa vie ». À Christian Gauss, autre confident, il avouera sa tentative de suicide, quelques années après.\r
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Milosz connaît une période difficile. Il se tourne alors vers la création littéraire.\r
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Dans un recueil intitulé Les Sept Solitudes (1906), il chante « un pays d’enfance retrouvée en larmes ». Dans le même temps, il écrit un drame violent, Scènes de Don Juan, dans lequel un fils dit toute sa haine envers son père et son dégoût de la vie. De 1902 à 1906, il séjourne à Czéréïa où meurt le père. À Christian Gauss, ami d’origine allemande, il décrit ses occupations : « L’été, je monte à cheval et fais des vers par milliers, l’hiver, je vais en traîneau et relis Kant, Shopenhauer et Platon, en fumant ma pipe ». Il ajoute : « Dans deux ans, j’aurai un petit château tout neuf, alors Vous serez obligé de venir passer quelques mois chez moi… Je n’os


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